De toutes les insurrections, les campagnes et les batailles pour l'unification de l'Italie,
Bataille de Solférino / Contexte historique
Elu en tant que président de la seconde république française
en décembre 1848, Louis-Napoléon Bonaparte,
tente en 1851 d'obtenir de l'assemblée républicain français une révision
de la constitution afin qu’il soit rééligible et que son mandat passe de 4 à 10
ans, sinon il doit légalement quitter le pouvoir en décembre 1852. Mais le
prince-président ne parvient pas à convaincre l'assemblée qui refuse la
révision constitutionnelle le 19 juillet 1851 et vote pour le maintien des
élections législatives, 7 mois avant la fin théorique du mandat présidentiel.
Face à cette situation critique, Il ne lui reste plus que la
solution du coup d'État. Le 27 octobre, un nouveau gouvernement est constitué
dans ce but. Le 2 décembre, l'armée occupe Paris et le président dissout
l'Assemblée dont une partie des députés sont arrêtés après une résistance
rapidement matée et pousse les électeurs à l'approbation du coup de force. Les français condamnent alors la République
et confient à Louis-Napoléon Bonaparte le droit de modifier la Constitution de
1848. Le 7 novembre 1852, le second Empire s’est établit et Louis-Napoléon
Bonaparte devient alors Napoléon III empereur de la France.
Du temps de l'exil, Napoléon avait noué des relations assez
étroites avec les Carbonaris de l’Italie, qui souhaitaient se libérer de
l’Autriche, maitresse de la quasi totalité de l'Italie du Nord et des états
pontificaux. Cet ex-carbonaro, profondément marqué par les évènements de 1848
qui ont débuté à Paris et qui ont eu des répercussions dans toute l'Europe,
demeure préoccupé par la question de l'unité italienne. Le réveil du sentiment
national et la volonté unitaire italienne prend forme dès la fin du XVIIIème siècle. Ce
nationalisme s’affirme ensuite lors des révolutions libérales et nationales de
1848 qui touchent alors tous les Etats de la péninsule italienne. La situation
géopolitique italienne est très morcelée entre les États Pontificaux, les
royaumes des Deux-Siciles et de Piémont-Sardaigne ainsi que L'Autriche.
Celle-ci est en position dominante en contrôlant directement la Lombardie et la
Vénétie et par princes interposés Modène et la Toscane et en mettent en place
dans les États pontificaux une autorité corrompue, violente et autoritaire. La
nation italienne reste en effet divisée en de nombreuses petites entités
territoriales malgré les différentes
insurrections qui ont eu lieu et qui sont violemment réprimées par les
Autrichiens.
Un projet unitaire voit le jour avec les évènements de
février 1848. La population italienne se révolte contre les Autrichiens qui
occupent les États italiens du nord. Milan, située en Lombardie, est reprise
par ses habitants aux Autrichiens et les Milanais réclament la rédaction d'une
constitution en vue de la création d'un Royaume d'Italie, sous l'égide du roi
de Piémont-Sardaigne, Charles-Albert. Celui-ci déclare la guerre à l'Autriche
le 24 mars 1848 afin de libérer la Lombardie et accélérer l'unification. Battu
à Novare, le 23 mars 1849, le roi piémontais cède le trône à son fils
Victor-Emmanuel II.
Le jeune roi du Piémont-Sardaigne, qui va être par la suite
le 1er roi de l’Italie unifiée, signe l'armistice avec les Autrichiens et
appelle au pouvoir Camillo Benso, Comte de Cavour leader du parti patriote modéré, qui prône l'unité de
l'Italie, sous la forme d'une monarchie constitutionnelle et devient président
du conseil (1er ministre) en février 1852. Ce dernier considère qu’une guerre
avec l’Autriche est inévitable et il prépare son pays en le modernisant
(développement du port de Gènes, des voies ferrées, d’une armée moderne). Il
obtient l’appui de nombreux patriotes. Il incite Victor-Emmanuel à envoyer des
troupes à la guerre de Crimée en 1855. Cavour voit dans cette guerre une
occasion de porter la question de la nationalité italienne au niveau
international et afin d’obtenir une place parmi les puissances européennes les
plus progressistes. Il s'agit pour lui de s'engager aux côtés de la France et du
Royaume-Uni alliés de la Turquie contre Nicolas Ier de Russie, qui occupe la
Valachie et la Moldavie, alors possessions ottomanes. Avec l’approbation de
Victor-Emmanuel, Cavour débute les négociations en vue d'obtenir des Français
et des Britanniques la garantie que la question italienne sera abordée lors des
traités. C’est ce qui lui permet de
s’asseoir à la table des négociations du congrès de Paris en 1856 et de nouer
des premiers contacts avec Napoléon III.
Bataille de Solférino / Accords de Plombières :
En juillet 1858, à Plombières, Cavour et l'Empereur Napoléon
III signent un traité secret (les accords de Plombières) par lequel la France
s’engage à intervenir au côté du royaume de Sardaigne dans le cas d’une attaque
autrichienne. Contrepartie de cette aide, en cas d’annexion au Piémont de
Lombardie, la Vénétie et les Duchés de Parme et de Modène, la Savoie et Nice
seront cédés à la France.
Au fil des années, Cavour a pu nouer des relations
diplomatiques profondes avec l’empire Français en jouant sur le sentiment
pro-italien de Napoléon III. Ce n’est qu’en 14 janvier 1858, que les choses prennent une autre tournure,
lorsque trois bombes sont lancées sur le couple impérial qui se rendait à
l'Opéra. Ce sont quatre Italiens, dont Felice Orsini, ancien carbonaro, qui les
lancent. Beaucoup craignent alors que les rapprochements diplomatiques
effectués soient réduits à néant du fait de la nationalité des poseurs de
bombes. Orsini et ses trois compatriotes (Gomez, Pieri, De Rudio) sont
condamnés à mort donnant ainsi une publicité inattendue à la cause
indépendantiste. La veille de son exécution, Orsini a fait parvenir une lettre
à l’empereur : « J’adjure votre Majesté
de rendre à l’Italie l’indépendance que ses enfants ont perdue en 1849, par le
fait des Français (…). Que votre Majesté se rappelle que les Italiens, au
milieu desquels était mon père, ont versé leur sang pour Napoléon le Grand,
partout où il lui plut de les conduire ; qu’elle se rappelle que, tant que
l’Italie ne sera pas indépendante, la tranquillité de l’Europe et celle de
votre Majesté ne seront qu’une chimère : que votre Majesté ne repousse pas le
vœu suprême d’un patriote sur les marches de l’échafaud ; qu’elle délivre ma
patrie, et les bénédictions de 25 millions de citoyens la suivront dans la
postérité ».
Napoléon III, sortit indemne de cet attentat comme son
épouse Eugénie, laisse circuler les écrits nationalistes d'Orsini, et prend
contact avec Cavour, par l'entremise de Henri Conneau, durant l'été 1858. Ils se rencontrent à Plombières le 21 juillet
1858 et mettent en place une sorte d'alliance, définissant une stratégie pour
que l'unité italienne voie le jour. En premier lieu, une alliance militaire
entre la France et le Piémont se met en place afin de chasser les Autrichiens
du territoire de la botte. En second lieu,
une organisation politique de l'Italie est décidée lorsque la victoire
sera acquise Le Piémont s'agrandirait de la Lombardie, la Vénétie et les Duchés
de Parme et de Modène. Le Pape ne conserverait que Rome et le Latium, tandis
que le reste de ses Etats, réunis à la Toscane, constitueraient un royaume
d'Italie centrale dont la couronne reviendrait au Prince Napoléon (Plon-Plon)
qui doit épouser la fille aînée de Victor-Emmanuel II, la princesse Clothilde
de Savoie. La confédération italienne naissante serait présidée par le pape Pie
IX. En échange de l'aide de la France, Cavour promet à Napoléon III la Savoie
et la ville de Nice.
Pendant ce temps, à Paris, l'empereur reçoit les différents
corps diplomatiques des pays européens et conclu dans le plus grand secret un
accord avec le tsar Alexandre II de Russie afin que son pays reste neutre si
une guerre voit le jour entre la France et l'Autriche. La neutralité russe (et
le contrôle de la Prusse) était donc assurée, au prix d'une attitude
complaisante envers les aspirations russes en Pologne et dans la Mer Noire.
En janvier 1859, les choses semblent donc bien avancées. Le
10 janvier 1859, le roi du Piémont Victor Emmanuel II prononce un discours au
Parlement Français: « Notre pays, petit par son territoire, a grandi en crédit
dans les conseils de l'Europe, parce qu'il est grand par les idées qu'il
représente et par les sympathies qu'il inspire… Si nous respectons les traités
nous ne sommes pas insensibles au cri de douleur qui, de tant de parties de l'Italie,
s'élève vers nous… » (cit. par Roland Conilleau, L'Entrevue de Plombières).
Dans la même semaine, Plon-Plon se rend à Turin pour rencontrer sa future
épouse, et visiter les ports, les arsenaux et les fortifications, en compagnie
du ministre sarde de la guerre. Le 26 janvier L’aide française devient
officielle avec le traité franco-sarde de Turin.
L'entrevue de Plombières est restée historique. Les bases
d'une action commune y furent posées une convention militaire fut signée par
laquelle l'Empereur s'engageait à prêter son concours armé pour appuyer les
revendications piémontaises, à déloger les Autrichiens des provinces qu'ils
occupaient en Italie, à effectuer le rattachement de la Lombardie et de la
Vénétie au royaume sarde. « L'Italie libre depuis les Alpes jusqu'à
l'Adriatique), tels étaient le programme et la promesse de Napoléon III.
Bataille de Solférino / L’alliance franco-sarde face à L'invasion autrichienne du Piémont :
Le 29 avril 1859 l'Autriche envahit le Piémont en
franchissant le Tessin , le fleuve qui sépare le Piémont de la Lombardie. La
France engagée par une alliance défensive, décide d’honorer le traité et venir
à l’aide du Roi Victor-Emmanuel II.
La nouvelle de la rencontre de Plombières filtre malgré
toutes les précautions. Napoléon III ne fait pas grand secret de ses
intentions, il s'adresse en ces termes à l'ambassadeur autrichien: « Je suis
désolé que nos rapports ne soient pas aussi bons que par le passé, je vous prie
de communiquer à l'Empereur que mes sentiments personnels à son égard sont
inchangés ».
Immédiatement, des volontaires informés des accords de
Plombières, arrivent dans le Piémont convaincus que la guerre est imminente et
le Roi commence à masser des troupes sur la frontière lombarde, vers le Tessin
dans le but d'amener l'Autriche à déclarer la guerre et obtenir ainsi l'aide
française. Giuseppe Mazzini et Giuseppe
Garibaldi sont rentrés en Italie: on confie, à ce dernier, l’organisation d’un
corps de volontaires, les chasseurs des Alpes (Cacciatori delle Alpi), sans
mettre de limite dans l’enrôlement des exilés provenant du royaume
lombard-vénitien sous domination autrichienne. En effet, l'Autriche préoccupée,
envoie à Victor-Emmanuel II un ultimatum qui est immédiatement repoussé. Le 29
avril 1859, la guerre éclatait entre le Piémont et l'Autriche. Victor-Emmanuel
prend le commandement de l'armée et laisse le contrôle de la citadelle de Turin
à son cousin Eugène de Savoie-Carignan.
François-Joseph 1er d’Autriche ordonne l’armée autrichienne
de Ferencz Gyulai de franchir le Tessin et d'atteindre la capitale piémontaise
avant que les Français n'arrivent à son secours. Le 29 avril l’armée autrichienne
entre en Piémont; le 30, elle occupe Novare, le 2 mai elle est Verceil, le 7 à
Biella. L’armée piémontaise est plus au sud et attend les Français. Les
Autrichiens arrivent à 50 km de Turin. Vienne, suggère de combattre sur le
Mincio où les Autrichiens avaient battu l’armée piémontaise en 1848. L’armée
autrichienne fait donc demi-tour et perd l'occasion de combattre séparément les
Piémontais et les Français.
Napoléon III prend le commandement de l’armée franco-piémontaise le 14 mai et l'armée autrichienne est arrêtée à Montebello (20-21 mai) par les Français. Les Français franchissent, le 2 juin, le Tessin en battant les Autrichiens à la bataille de Turbigo. Gyulai a concentré ses forces à proximité de la ville de Magenta où il est assailli par les Français le 4 juin qui pénètrent dans Milan le 8 juin 1859. Les chasseurs des Alpes, 3 500 hommes mal équipés, occupent rapidement Côme, Bergame, Varèse et Brescia et marchent vers le Trentin. Le 9 juin le conseil communal de Milan vote par un plébiscite l’annexion de la Lombardie au royaume de Victor-Emmanuel II. Désormais les troupes autrichiennes se retirent de toute la Lombardie.